L’impact de la Covid-19 sur l’activité des travailleurs indépendants

Temps de lecture : 5 minutes

13 janvier 2023

84 % des indépendants affirment que la crise sanitaire liée au coronavirus a perturbé leur travail. Fermeture administrative partielle ou totale, retards de paiement, contrats annulés. Des contraintes qui ont conduit à une perte de chiffre d’affaires parfois conséquente. Elles posent aussi des questions sur l’avenir de l’entrepreneuriat. Union-indépendants fait aujourd’hui le bilan de l’impact de la Covid-19 sur l’activité des travailleurs indépendants. Une étude menée conjointement avec Odoxa en février 2021 recense les avis de 2 119 indépendants. Si tous les pans de l’économie sont touchés, qu'en est-il de leur situation ?

La baisse de chiffre d’affaires des indépendants est deux fois supérieure à la moyenne nationale


Marquée par deux confinements, la France a vu son PIB reculer de 8,3 % en 2020. Les réponses des indépendants interrogés révèlent qu’ils ont été deux fois plus touchés que la moyenne nationale. Leur chiffre d’affaires a en effet diminué de 17 %, avec pour conséquence directe une baisse de leur rémunération. Passant de 16 390 € en 2019 à 12 849 € en 2020, leurs revenus nets imposables ont diminué en moyenne de 22 %. Ils sont aujourd’hui 60 % à déclarer ne pas vivre convenablement de leur activité, tous statuts confondus.

De manière générale, 55% des interrogés affirment que la crise sanitaire a « beaucoup » affecté leur activité. Les difficultés rencontrées sont différentes selon les secteurs et les travailleurs :

  • 43 % ont subi des contraintes administratives diminuant leur activité ;
  • 27 % ont été poussés à la fermeture administrative totale leur entreprise ;
  • 65 % ont dû faire face à des annulations de contrats ;
  • 27 % ont recensé des retards de paiement ;
  • 18 % ont eu des difficultés à payer leurs loyers et charges inhérentes à leur lieu de travail.

81 % d’entre eux ont comptabilisé au moins un obstacle à traverser pendant la crise.

Les travailleurs indépendants sont inégalement touchés selon leur secteur d’activité


Si la perte de revenu est grande, elle cache une hétérogénéité selon les activités et l’application des mesures sanitaires. Les prestataires de service, professionnels de la restauration et de l’hôtellerie ont perdu plus de 20 % de leurs revenus. La rémunération des professions agricoles, indépendants de l’industrie et du BTP est restée quasiment stable. Les disparités ont également été mises en exergue durant les réunions de groupe, où les indépendants ont pu s’exprimer librement. « Tout ce qui est sport en milieu clos c’est toujours interdit, j’ai eu un gros impact », explique un éducateur sportif.

En parallèle, le développement du numérique a permis à certains indépendants de voir leur activité évoluer positivement. « Je fais de la formation numérique, donc mon activité a explosé », confie un travailleur d’Île-de-France. D’autres ont su prendre le virage du digital pour adapter leurs offres, comme ce commerçant de Métropole : « Je fais 10 déballages marchands par an, je suis passé à 2, avec moins de fréquentation. Donc je suis passé à 90% de mon CA en ligne. »

Les aides gouvernementales ont été bien perçues par les indépendants


La moitié des participants a demandé et reçu une aide publique. Bien qu’ils n’étaient pas initialement concernés, 58 % des sondés ont salué la mise en place des aides du gouvernement. Le fonds de solidarité a en particulier retenu l’attention. 46 % des personnes interrogées l’ont en effet obtenu. 16 % des participants ont bénéficié d’un report d’échéances des charges, et 9 % du PGE. 
 

« Dans les autres pays il n’y a pas eu ça, c’est exceptionnel ce qu’il y a en France, l’État a été à la hauteur. »

Indépendant

Les aides déployées par les plateformes de travail numérique ont également été remarquées. 40 % des travailleurs de plateformes sollicités s’en sont dits satisfaits.

Si les fonds de l’État ont marqué les esprits des indépendants, les aides locales sont en revanche restées plus discrètes. Alors que les collectivités territoriales avaient mobilisé des fonds, 47 % des interrogés jugent insuffisant leur soutien. 
Enfin, seulement 32 % des participants ont été satisfaits du support des banques.

Les indépendants s’inquiètent des conséquences à venir de la crise 


Les indépendants interrogés ont exprimé leur inquiétude face à la crise économique actuelle et ses conséquences sur le marché du travail.
 

« Je crains une précarisation encore plus grande. »

Indépendant d'Île-de-France

Une réduction d’activité pèse sur leur chiffre d’affaires. Mais au-delà des conséquences directes de la crise, ils ont également peur de subir des effets « par ricochet ». Les participants aux réunions de groupe craignent par exemple que la dette engendrée ne les pénalise, en décuplant leurs charges. Le nombre de micro-entreprises a augmenté de 9 % en 2020. Une multiplication qui peut être synonyme de ressources supplémentaires pour les finances publiques. « Les autoentrepreneurs c’est un statut qui explose. Ça peut devenir une manne pour l’État », explique un participant d’Île-de-France.

« On est des bons fusibles, faciles à sacrifier. »

Travailleur indépendant d'Île-de-France

Face à la crise et aux obstacles rencontrés, les indépendants interrogés restent optimistes. 92 % d’entre eux se voient d’ailleurs toujours indépendant dans 6 mois. Pour autant, la situation actuelle exacerbe leurs difficultés. Une réflexion de fond sur leur protection, notamment en termes de revenu minimum, semble avoir ainsi sa place. Mais avant toute chose, les indépendants souhaiteraient être davantage considérés par la politique économique et sociale. Un travailleur de Métropole le résume par ces mots : « Moi j’espère que la crise sanitaire va nous rouvrir tout ce qui commence par CO. cohésion, co-construction etc., et en fait moi dans mon secteur d’activités c’est tout le contraire. »

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