Hier, 19 Décembre 2023 se tenait une nouvelle négociation sectorielle VTC autour de la rémunération.
Contrairement à des organisations qui se félicitent de grandes avancées pour les VTC, Union-Indépendants exprime sa profonde déception et son indignation.
Pour nous, les accords signés ne permettent en rien de garantir une rémunération décente et la co-construction du prix des courses par la négociation sectorielle.
Pire, 2 accords officialisent la mainmise des plateformes sur la construction des prix des courses.
Pour Union-Indépendants, c’est une cinglante défaite pour les VTC et plus généralement pour la notion d’indépendance.
Accord 1 - Augmentation de la Rémunération minimale par Course de 7,65€ à 9€
L'accord met en place la rémunération minimale d'une course à 9€ net chauffeur. Cette proposition viendra rehausser le montant des courses minimales de 7,65€ actuel.
Si cet accord est signé, l'ensemble des plateformes ne pourront plus proposer de courses à moins de 9€ net chauffeur.
Union-Indépendants donnera sa position après avoir consulté ses adhérents et sympathisants.
Accord 2 - Revenu minimal horaire 30€/heure net, et garanti supplémentaire de 1€/km en course.
Revenu minimal Horaire à 30€/heure net, temps d'approche inclus
L'accord met en place une rémunération minimale horaire à 30€/h net.
Cette proposition a été réhaussé suite à l'ancienne proposition de 27,50€/h que nous avons analysé dans cet article de début décembre 2023
Avec cette proposition, les plateformes feront une moyenne lissée sur le temps passé en course au cours d'un mois. Si à la fin du mois, un VTC est en dessous de 30€/h, les plateformes compenseront le montant.
Exemple :
- Un VTC a en moyenne 4,1 heure de temps de course par jour. (chiffres statistiques officiels). Sur 1 mois, il réalise en moyenne 82 heures de temps de courses. (5 jours par semaine, 4 semaines). Avec la garanti de 30€/h, un chauffeur aura un bonus de rémunération seulement si il est en dessous de 2460€ net par mois après paiement de la commission plateforme (82 heures * 30 €/h)
- Un VTC réalisant sur 1 mois 40 heures d'activités cumulées en courses sera compensé si son chiffre d'affaires après commission est en dessous de 1200€ (40 * 30)
La plupart des VTC réalisent un CA après commission au dessus de ce montant, et ne toucherons donc pas de compensation. D'après les chiffres statistiques, seulement 10% des VTC actuels bénéficieraient de ce rehaussement.
Pour Union-Indépendants, cet accord ne traite absolument pas des gammes de véhicules. La négociation sur la rémunération devait être bénéfique pour tous les chauffeurs VTC.
Garanti supplémentaire minimale de 1€/km en course
L'accord propose de garantir chaque course à au minimum 1€/km en course. Avec cet accord, une course de 45km ne pourra plus être rémunéré en dessous de 45€.
En réalité, la grande majorité des courses sont déjà payées au dessus de 1€/km.
Union-Indépendants proposait une rémunération horokilométrique plus ambitieuse avec 1,33€/km et le temps pris en compte que vous pouvez retrouver à ce lien.
Accord 3 : Les VTC pourront filtrer automatiquement les courses avec leurs critères pour ne recevoir que des courses qui leur correspondent
Avec cet accord, les plateformes proposent de "redonner aux VTC le pouvoir de leur rémunération".
Cet accord ne fait que donner la possibilité aux plateformes de mettre en place un dispositif d’attribution des courses correspondant aux choix du prix par kilomètre que souhaite être rémunéré le VTC.
Exemple
Autour d'une gare, 5 chauffeurs choisissent de filtrer leurs courses à 2€/km. 5 autres chauffeurs choisissent eux de filtrer les courses à 1€/km.
- Pour le prix d'une course de 10€ pour 5 km, les 10 chauffeurs peuvent recevoir la course
- Pour le prix d'une course de 9€ pour 5 km, seul les 5 chauffeurs à 1€/km recevront la course
Sur les grandes villes, la concurrence forte entre les VTC fera que les chauffeurs devront revoir leurs prix à la baisse pour recevoir assez de courses.
Pour Union-Indépendants, cet accord est dangereux. A aucun moment le prix des courses n’est discuté. Le VTC devra donc continuer de se plier aux prix proposés par les plateformes sur le principe du “à prendre ou à laisser”.