Une étude Odoxa pour Union-indépendants montre que 81 % des travailleurs indépendants jugent ne pas être écoutés par l’État pour les décisions qui les concernent. Isolés, ils considèrent que leur voix ne compte pas. Les 3,6 millions d’indépendants français ne sont à ce jour pas officiellement représentés. Mais qu’en pensent-ils ? Comment peuvent-ils prendre part à la lutte sociale ? Vers qui se tournent-ils pour défendre leurs droits ? Union a donné la parole à 2 119 indépendants solos et 1 005 Français afin qu’ils nous livrent leur vision des choses. Voyons comment les indépendants perçoivent leur représentation.
« Il serait important que la société civile et les pouvoirs publics nous prennent en compte, et se disent " ils existent " »
Ce sont les mots d’un participant aux réunions de groupe, pendant lesquelles les personnes ont pu s’exprimer librement. Les indépendants souhaitent montrer qu’ils existent, et veulent compter dans les décisions publiques. Les résultats indiquent aussi que 66 % des indépendants et 71 % Français interrogés considèrent que les indépendants « sont mal représentés et défendus par les organisations professionnelles patronales et syndicats de salariés». Ils s’accordent également à dire qu’ils sont mal pris en compte dans la politique économique et sociale et qu’ils ne sont pas écoutés par les pouvoirs publics.
« Il y en a de plus en plus des indépendants, personne ne s’en occupe, mais on ne manifeste pas »
Certaines personnes ont affirmé ne pas avoir de revendications sociales à exprimer. Un indépendant a mis en avant sa capacité d’adaptation. S'il n’est pas satisfait, il trouve par lui-même un moyen de faire différemment. Mais la principale raison de ne pas prendre part à la lutte provient de leur isolement. « On est invisible, on est des personnes seules donc pas visibles », explique un participant. Les micro-entrepreneurs considèrent que la nouveauté de leur statut leur donne peu de poids dans les négociations. D’autres pensent qu’ils n’ont pas de « pouvoir de nuisance », comparativement aux salariés. La majorité a exprimé un sentiment d’isolement, d’éclatement, et une forme de résignation vis-à-vis de la politique.
« Le monde de l’entrepreneuriat on est dans une bulle et les salariés ne peuvent pas comprendre »
« On a l’impression de vivre sur une autre planète », ajoute un freelance. Un fossé creusé par une problématique de temps à consacrer à la lutte sociale. Un temps non rémunéré que beaucoup ne peuvent pas se permettre. « L’avantage du syndicat dans le salariat » est que les employés peuvent bénéficier de leur action sans impact sur la gestion de leurs tâches quotidiennes. Pour un indépendant, tout moment consacré à autre chose qu’à son activité résulte en une perte de chiffre d’affaires. Une réalité qui pourrait s’atténuer en mutualisant les idées sous une même bannière ?
« La difficulté des indépendants, c’est qu’on est 2 millions fois un, et les salariés ont un patron pour 100 000 salariés. »
Indépendant
« Dans le milieu professionnel on a les collègues, les confrères, le réseau qui aide »
Les indépendants se tournent naturellement vers les réseaux sociaux pour discuter de façon informelle avec leurs pairs. Ils glanent des conseils par le biais de leur réseau professionnel. Une manne également riche d’opportunités de travail. Solidaires, ils échangent volontiers bonnes pratiques et missions. Pour autant, la revendication de leurs droits ne fait pas partie des sujets qu’ils évoquent sur les réseaux. Ils confirment souffrir aussi d’un manque d’informations fiables. « Les indépendants n’ont pas besoin d’être rassurés, leur besoin est de se dire : j’ai une difficulté je sais vers qui me tourner, avoir un interlocuteur, une institution des indépendants. Parce que là, nous sommes éparpillés. », souligne un participant d’Île-de-France.
« Il est grand temps que les indépendants puissent se regrouper dans une fédération qui puisse les représenter »
Si beaucoup semblent s’accorder sur la nécessité d’un rassemblement, quelle forme peut-il prendre ? Quelle représentation pour les indépendants ? 9 % des interrogés citent les syndicats traditionnels comme choix. Les collectifs locaux ou spécifiques de leur activité sont sélectionnés par 30 % des sondés. 40 % leur préfèrent des modèles de plateformes revendicatives.
Seulement 17 % des sondés ont affirmé ne pas vouloir être représentés. D’autres suggèrent que les indépendants ne sont pas voués à se réunir. Et pourtant, les interrogés ont exprimé des insatisfactions communes :
- l’ubérisation ;
- les difficultés d’accès au logement ;
- la disparité des statuts et de la fiscalité ;
- les lourdeurs administratives ;
- le minimalisme de la protection sociale (maladie, retraite, chômage) ;
- le manque de confiance des banques.
La majorité est en outre consciente que l’individualisme n’est pas l’organisation la plus optimale pour faire changer les choses.
Représenter les travailleurs indépendants pour construire et défendre leurs droits : l’engagement d’Union-indépendants
Union est la première plateforme de revendication sociale pour les travailleurs indépendants. Elle a été créée en septembre 2019 pour combler le manque de représentation et de défense des droits des indépendants solos, et slasheurs.
Union-indépendants souhaite donner la parole aux indépendants :
- en créant une communauté vers laquelle se tourner pour ne plus être isolé ;
- en répondant aux questions posées à travers des informations fiables ;
- en représentant les indépendants auprès des pouvoirs publics : coordonner leurs revendication, construire et défendre leurs droits ;
- en montrant que les indépendants existent, et qu’ils comptent dans notre société économique et sociale.
Union, forte de ses 450 000 adhérents issus des collectifs qui l’ont rejointe, est en première ligne pour porter la voix des indépendants. Pour en savoir plus sur les revendications d’Union, lisez notre manifeste.