Travailleurs indépendants : vos difficultés en 6 chiffres clés

Temps de lecture : 7 minutes

13 janvier 2021

85 % des indépendants le sont par choix. Pourtant, les difficultés auxquelles ils font régulièrement face sont nombreuses. Mais quelles sont-elles ? C’est ce qu’Union-indépendants a tenté de comprendre à travers une enquête menée par Odoxa en février dernier. 2 119 freelances et 1 005 Français ont été interrogés à travers des questionnaires anonymes et des réunions de groupe. Les résultats brossent un portrait des indépendants, du choix de leur statut à leurs problématiques quotidiennes. Des parcours libres, mais jalonnés d’incertitudes. Précarité, responsabilités pesantes et protection sociale limitée sont quelques-unes des fragilités mises en évidence. Faisons le point sur les difficultés des travailleurs indépendants à travers 6 chiffres clés.

41 % des indépendants ont hésité à franchir le pas de l’entrepreneuriat pour des raisons liées à la protection sociale


Depuis 2020, la protection sociale des indépendants français est gérée par le réseau des Urssaf, la CPAM, et les caisses d’assurance retraite. Elle a été repensée afin de pallier les problèmes existants de traitement des dossiers et d’interactivité. Pour autant, la couverture sociale des indépendants reste, à leurs yeux, assez limitée. Plus de 50 % des interrogés se disent non protégés en cas d’incapacité et d’invalidité. 55 % d'entre eux ne cotisent pas à une retraite complémentaire. Seules la maladie et la responsabilité civile professionnelle semblent être couvertes pour la majorité.

45 % des sondés ont déjà reporté des soins pour des motifs financiers. Augmenter leurs cotisations pour optimiser leur protection n’est cependant pas envisageable pour 68 % des indépendants. Leur activité étant fluctuante, ils préfèrent économiser pour faire face aux périodes creuses. « Chez nous, il peut y avoir des petits et grands mois, donc ça oblige à raisonner en fourmi et pas en cigale. Donc quand vous gagnez un peu vous mettez de côté », explique un participant.

45 % des travailleurs indépendants ont eu des difficultés à trouver un logement à cause de leur statut

« Il y a zéro confiance, on ne vous prête rien, pas de bagnole, pas de maison. »

Indépendant de Métropole

L’accès au logement est un sujet qui a spontanément été mis en avant lors des réunions de groupes. Des difficultés tant pour louer qu'acheter ont été décrites. « J’ai été seul, j’ai essayé de trouver un appartement, mon compte fonctionnait bien, mais autoentrepreneur personne ne loue », relate un travailleur. D’autres ont vu la crise accentuer encore cette problématique, avec des refus de prêts bancaires liés à leur activité. C’est le cas notamment pour le secteur de l’événementiel. Un manque de confiance des banques, qui traduit pour certains un défaut de reconnaissance de leur travail. « J’aimerais qu’en France, les banques reconnaissent la volonté et l’ambition des gens de développer quelque chose de nouveau. Malheureusement on n’aide pas l’ambition, ni les gens qui veulent entreprendre », confie un travailleur d’Île-de-France. 

60 % des indépendants jugent que leur rémunération n’est pas décente


La précarité des revenus est notamment soulignée par les micro-entrepreneurs prestataires de services. Le statut octroie liberté et autonomie. Mais il est aussi synonyme de fluctuation de l’activité, et des recettes. « Par rapport à un salarié qui sait ce qu’il gagne, nous on n’a jamais de certitude sur le chiffre qu’on va gagner », rapporte un participant.

54 % des personnes interrogées cumulent un autre statut à celui d’indépendant. 19 % sont ainsi demandeurs d’emploi, 29 % sont salariés, retraités, ou étudiants. Les 6 % restants sont allocataires du RSA. Certains choisissent l’entrepreneuriat comme un complément de revenus. D’autres conservent leur activité salariée pour compléter leur chiffre d'affaires.

« Je gagne moins et je travaille plus. »

Indépendant d'Île-de-France

 28 % des freelances travaillent plus de 50 heures par semaine


La flexibilité est l’une des principales raisons qui poussent les indépendants à l’être. Cependant, l’irrégularité de leur calendrier et l’exigence de disponibilité souvent imposée les obligent à déployer une grande énergie organisationnelle. Leur temps de travail est en moyenne de 37,5 heures par semaine. Mais il varie selon la conjoncture, les besoins ponctuels et urgents, ou la saisonnalité de l’activité. Des discontinuités qui peuvent peser sur la vie personnelle. « D’une semaine à l’autre on peut passer de 20h à 70h. Il faut faire comprendre pourquoi on est dispo, et la semaine suivante à l’agonie », concède un indépendant interrogé.

En particulier, 54 % des sondés affirment œuvrer plus de 40 heures par semaine. 28 % des répondants disent cumuler plus de 50 heures, quand 15 % font moins de 20 heures. Une disparité qui s’observe aussi selon les régimes. En effet, un microentrepreneur travaille en moyenne 32,5 heures hebdomadaires, contre 42 heures pour les autres statuts. 


62 % des indépendants n’ont pas bénéficié de formation continue depuis qu’ils sont à leur compte


Au-delà de leur métier, les indépendants portent toutes les casquettes du chef d’entreprise. Ils déploient ainsi des compétences administratives, comptables, juridiques et commerciales. Des savoir-faire périphériques qu’ils ne maîtrisent généralement pas au démarrage de leur activité. Or, seulement 37 % des personnes interrogées confirment avoir été formées à la création d’entreprise. 25 % ont suivi une formation relative aux techniques de vente, et 32 % à la gestion. Couvrir ces domaines d'expertise peut en conséquence s'avérer complexe. « C’est facile au niveau autoentrepreneur pour faire ses comptes, mais au niveau juridique on est laissés à l’abandon, c’est difficile d’obtenir des infos », explique un participant.

Ainsi, 37 % des indépendants interrogés estiment manquer de connaissances commerciales. Plus du tiers rencontrent des difficultés au niveau juridique et fiscal. 

66 % des travailleurs indépendants estiment qu’ils sont mal représentés


Un avis partagé par 71 % des Français. Une large majorité ajoute qu’ils pensent que les indépendants sont mal pris en compte dans la politique économique et sociale.

Les indépendants français ne sont pas officiellement représentés devant les pouvoirs publics. Pourtant, la présente étude met en évidence des difficultés sur lesquelles ils pourraient être défendus.

« On est invisible, on est des personnes seules donc pas visibles. »

Travailleur d'Île-de-France

Union est la première plateforme de revendication sociale pour les travailleurs indépendants. Elle a été créée en septembre 2019 pour combler le manque de représentation et de défense des droits des travailleurs indépendants. Le fonds de solidarité, négocié lors du premier confinement de mars 2020 avec les organisations patronales et les syndicats de salariés, en a fait la démonstration : les indépendants n’employant pas de salariés en étaient exclus. Heureusement, Union et d’autres collectifs d’indépendants solos ont vite réagi et eu gain de cause. Cela souligne un peu plus l’importance que les indépendants solos soient accompagnés et défendus, compte tenu des nombreux sujets qui les concernent et qui sont en discussion en ce moment : 

  • représentation et dialogue social pour les travailleurs de plateformes de mobilité ;
  • aide à la perte d’activité (transformation de l’ATI) ;
  • protection sociale et assiette de cotisation, prorogation du fonds de solidarité ;
  • élaboration d’un plan de relance adapté, etc.

Union, forte de ses 450 000 adhérents issus des collectifs qui l’ont rejointe, est en première ligne pour porter la voix des indépendants.

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